Accouchement à domicile : une étude américaine fait débat
Les accouchements à domicile plus risqués selon une nouvelle étude
C’est à ce jour l’étude comparative la plus importante, en terme
d’échantillon, réalisée sur les accouchements en milieu hospitalier et à
domicile. Elle conclut à un risque nettement plus élevé pour l’enfant
en cas de naissance au domicile. Des résultats inverses à ceux obtenus
lors de précédentes, et nombreuses, compilations de données. Le
principal auteur de ce travail apporte quelques précisions.
L’étude a été réalisée par des médecins et chercheurs du New
York-Presbyterian/Weill Cornell Medical Center. Elle doit être publiée
en octobre dans le Journal Américain de Gynecologie et d’Obstétrique.
Elle va susciter le débat (c’est déjà le cas sur Parents.fr où une
brève d’actualité a provoqué de virulents commentaires) car ses
conclusions vont à l’encontre des résultats obtenus par les précédentes
recherches. Son sujet ? Les accouchements à domicile (AAD), planifiés et non impromptus. Sa particularité ? Elle serait la plus grande étude du genre réalisée à ce jour.
Sa cohorte est en effet impressionnante : plus de 13 millions de
naissance survenues aux Etats-Unis entre 2007 et 2010. Parmi ces
dernières, 67429 ont eu lieu à domicile. Les chercheurs concluent
que ces accouchements à domicile planifiés seraient dix fois plus à
risques, en terme de mortalité infantile, que les naissances en
milieu hospitalier. Ce risque serait 14 fois plus élevé pour un premier
enfant. Ils évoquent également un risque accru de troubles
neurologiques.
Très opposé aux accouchements à domicile en raison des résultats obtenus au terme de son travail de recherche, le médecin se dit en revanche favorable aux maisons de naissance, à condition qu’elles soient hospitalières, c’est à dire jouxtant une maternité. « Tout ce qui se trouverait éloigné d’un hôpital jouerait avec la vie du bébé pour simplement contenter la mère. Or cette mère serait la première touchée si son bébé était en souffrance. » Ce système est expérimenté en France, mais presqu’en catimini. La proposition de loi lançant officiellement l’expérimentation de ces maisons de naissance hospitalières a été adoptée par le Sénat en juin et doit être bientôt examinée par l’Assemblée Nationale.
Faire face aux complications inattendues
Les auteurs insistent : pour eux, c’est le lieu qui explique ce différentiel et non la qualification du professionnel présent. « Accoucher chez soi est plus dangereux, que la naissance ait lieu en présence d’un médecin ou d’une sage-femme, assure le Dr Amos Grunebaum, principal auteur de cette étude. Des complications inattendues peuvent survenir auxquelles seule une structure équipée avec un personnel formé et habitué à travailler en équipe peut faire face.» Une précédente étude, une méta analyse cette fois-ci, publiée en 2010, toujours dans le Journal Américain de Gynecologie et d’Obstétrique, concluait à un risque de mortalité multiplié par 3. Elle avait été fortement critiquée par la communauté scientifique en raison de plusieurs biais méthodologiques.La formation des sage-femmes et la prévention au cœur du débat
La plupart des études (très bien compilées sur le site du Collectif Interassociatif autour de la Naissance) menées sur le sujet ne font pas état d’un différentiel probant entre les accouchements à domicile et les accouchements à l’hôpital. Certaines font même pencher la balance en faveur des AAD, comme cette étude hollandaise publiée par le British Medical Journal en juin 2013 et qui montrait un taux moins élevé d’hémorragies de la délivrance et de mortalité maternelle lors des accouchements à domicile. Pour le Dr Grunebaum, les cohortes étudiées ne sont pas suffisamment importantes et ce serait bien la spécificité de son étude que de compter un grand nombre de cas. Plus le nombre de cas observés est grand, plus le risque statistique a un sens. Les Pays-Bas n’en demeurent pas moins un exemple intéressant puisque 20 à 25% des naissances ont lieu au domicile et que les études portent donc sur des cohortes suffisamment conséquentes, sans mettre pour autant en évidence de problèmes spécifiques liés aux accouchements à domicile (voir l’enquête parue dans obstetrics and Gynecology, vol 118, nov 2011). Un bémol cependant, les Pays-Bas doivent se confronter à un taux de périnatalité très moyen (dernière enquête péristat) qui ne s’explique que partiellement par l’âge plus élevé des mères. Selon le Dr Grunebaum, il est évident que « la formation des sage-femmes néerlandaises, leur capacité à sélectionner en amont les femmes à bas risque, la bonne intégration de leur travail au sein de l’hôpital et la faible superficie du pays, concourent à de bien meilleurs résultats ». Aux Etats-Unis les sage-femmes libérales sont moins formées et peu intégrées aux réseaux de soins.Très opposé aux accouchements à domicile en raison des résultats obtenus au terme de son travail de recherche, le médecin se dit en revanche favorable aux maisons de naissance, à condition qu’elles soient hospitalières, c’est à dire jouxtant une maternité. « Tout ce qui se trouverait éloigné d’un hôpital jouerait avec la vie du bébé pour simplement contenter la mère. Or cette mère serait la première touchée si son bébé était en souffrance. » Ce système est expérimenté en France, mais presqu’en catimini. La proposition de loi lançant officiellement l’expérimentation de ces maisons de naissance hospitalières a été adoptée par le Sénat en juin et doit être bientôt examinée par l’Assemblée Nationale.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire