Pourquoi les femmes enceintes ont-elles des problèmes circulatoires ?
Sous l’influence de la progestérone, hormone secrétée au cours de la
grossesse, les veines se dilatent, deviennent plus fragiles et moins
élastiques. De plus, pour permettre la croissance du placenta et du
fœtus, la masse sanguine s’accroît de 40 %. Résultat, les veines ont
beaucoup plus de mal à ramener le sang vers le cœur et la pression à
leur niveau augmente. Le phénomène est aggravé par le fait que les
vaisseaux du petit bassin, en particulier la veine cave inférieure, sont
de plus en plus comprimés par le volume utérin, notamment au troisième
trimestre. Au bout du compte, la circulation sanguine dans la partie
inférieure du corps (les jambes, mais aussi la région vulvaire et anale)
a du mal à s’établir correctement.
Qui sont les mamans à risque ?
Certains facteurs accélèrent le mécanisme. En premier lieu,
l’hérédité, mais également les futures mamans déjà sujettes à une
mauvaise circulation veineuse avant d’être enceintes. La station debout
ou assise prolongée pendant de longues périodes ensuite. Le nombre de
grossesses enfin : le risque est de 23 % lors de la première grossesse
et passe à 31 % à la quatrième grossesse. Une prise de poids trop
importante et un manque d’activité physique n’arrangent rien à
l’affaire.
Comment ces problèmes circulatoires se traduisent-ils ?
Au premier stade, le symptôme le plus fréquent est surtout la
sensation de jambes lourdes, de crampes, de fourmillements ou
d’impatiences. Après une journée assise ou à piétiner, les pieds sont
très enflés. C’est désagréable, inconfortable mais pas inquiétant sauf
si le gonflement persiste après une nuit de repos. Dans ce cas, il peut
être le signe d’un problème rénal. Lorsque la dilatation des veines
s’intensifie et que les petites valvules situées sur leur paroi ne
fonctionnent plus bien, le sang s’accumule et des varices peuvent
apparaître. Parfois dès le premier trimestre. On les perçoit car les
veines forment à leur niveau une masse bleue ou pourpre un peu sinueuse
sous la peau. Ces varices siègent généralement sur les jambes, mais
elles peuvent aussi apparaître au niveau de la vulve ou de l’anus
(hémorroïdes).
Comment éviter leurs désagréments ?
Evitez de rester debout ou assise trop longtemps. Pour conserver une
bonne circulation au niveau des jambes, faites de l’exercice. La marche,
l’aquagym ou la natation sont excellentes. Mangez équilibré pour éviter
une prise de poids trop importante et luttez contre la constipation qui
aggrave les hémorroïdes. Au menu : 1,5 à 2 litres d’eau par jour et une
alimentation riche en fibres (fruits, légumes et céréales) pour le
transit. Ne portez pas de vêtements trop serrés ou des chaussettes qui
coupent la circulation. Bannissez les sources de chaleur comme le
chauffage au sol, les épilations à la cire chaude, l’exposition au
soleil ou les bains à température élevée. Au contraire, douchez – vous
les pieds à l’eau fraîche ou, si vous en avez l’occasion, marchez au
bord de l’eau pour activer la circulation. A la maison, surélevez votre
matelas d’environ 10 cm et faites-vous masser les mollets de bas en haut
par le futur papa. Les bas ou chaussettes de contention (remboursés sur
prescription) peuvent s’avérer très utiles, surtout si vous envisagez
de rester immobile durant plusieurs heures (voyage en voiture ou avion).
Les mamans qui ont des troubles importants devront les porter jusqu’à
quatre mois après l’accouchement et passer de la chaussette en début de
grossesse au collant durant le dernier trimestre. Dans la journée, dès
que possible, essayez de mettre vos jambes au repos, sur un coussin par
exemple. Lorsque vous vous allongez, couchez-vous sur le côté opposé à
celui de la varice. Envie de vous faire dorloter ? Offrez-vous un soin
jambes lourdes en institut ou des séances de kiné. Enfin, troquez vos
talons aiguilles et spartiates pour des chaussures à petits talons (3
cm) plus confortables pour les veines.
Les problèmes circulatoires persistent-ils après la grossesse ?
Heureusement, ces problèmes veineux disparaissent spontanément trois
mois après l’accouchement. Une exception toutefois : les varices
préexistantes à la grossesse ont tendance à s’aggraver. En attendant,
votre médecin pourra vous prescrire des crèmes à appliquer sur vos
jambes ou un traitement veinotonique (non remboursé). Les hémorroïdes
trop importantes ou très pénibles nécessitent parfois une petite
intervention chirurgicale qui permet de libérer le surplus de sang
accumulé. La sclérothérapie est contre-indiquée lors de la grossesse
(sauf en cas de varices vulvaires très gênantes et douloureuses), ainsi
que pendant l'allaitement. Trois mois après l'accouchement, les mamans
qui le souhaitent peuvent bénéficier d’un bilan veineux et d’une prise
en charge de leurs varices.
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